Le dépôt de garantie, également appelé caution, est une somme d’argent versée par le locataire au propriétaire au début d’une location. Son objectif est de couvrir les éventuels impayés de loyers ou charges, ou les dégradations constatées à la fin du bail, au-delà de l’usure normale. C’est un sujet qui génère de nombreuses tensions entre propriétaires et locataires, car sa restitution est souvent source de désaccord. Connaître les règles du dépôt de garantie est essentiel pour les deux parties afin d’éviter les litiges. Cet article détaille le cadre légal et les bonnes pratiques à respecter.
Sommaire
Le cadre légal : ce que dit la loi
La loi encadre strictement le dépôt de garantie pour protéger à la fois le propriétaire-bailleur et le locataire. Le régime diffère selon la nature du logement.
-
Pour les locations vides (non meublées) : Le dispositif est encadré par la loi ALUR de 2014. Le dépôt de garantie ne peut pas excéder un mois de loyer hors charges. Cette règle est impérative et toute clause contraire dans le bail de location (ou contrat de location) serait considérée comme nulle.
-
Pour les locations meublées : Le montant maximum autorisé est de deux mois de loyer hors charges.
Il est crucial de noter que le dépôt de garantie ne peut en aucun cas être utilisé pour garantir le paiement du dernier mois de loyer. Son usage est strictement réservé aux impayés et aux dégradations constatées après le départ du locataire.
La sécurisation du dépôt de garantie

Pour protéger le locataire, la loi a instauré des mécanismes de sécurisation du dépôt de garantie, qui varient selon la situation du propriétaire.
-
Pour les propriétaires bailleurs personnes physiques :
-
Le compte bancaire dédié : Le propriétaire a l’obligation de déposer la somme sur un compte bancaire dédié, distinct de son compte personnel. Les fonds doivent être bloqués et ne peuvent pas être utilisés pour d’autres dépenses. Le propriétaire doit informer le locataire des coordonnées de ce compte.
-
La production des justificatifs : À la demande du locataire, le propriétaire doit fournir une attestation de la banque certifiant le dépôt des fonds.
-
-
Pour les propriétaires bailleurs personnes morales (sociétés, SCI…) :
-
L’obligation de sécurisation est encore plus forte. Ils doivent obligatoirement consigner le dépôt de garantie sur un compte spécifique ouvert au nom du locataire ou auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC).
-
Le non-respect de ces obligations de sécurisation est passible pour le propriétaire d’une amende civile pouvant aller jusqu’à deux mois de loyer. Pour tout savoir sur ce sujet, suivez ce lien.
L’état des lieux : la pièce maîtresse pour la restitution
La restitution du dépôt de garantie est intrinsèquement liée à l’état des lieux. Ce document est la référence absolue pour déterminer l’éventuel responsable des dégradations.
-
L’état des lieux de sortie : Il doit être comparé point par point avec l’état des lieux d’entrée. Seules les dégradations constatées lors de l’état des lieux de sortie, qui n’existaient pas à l’entrée (ou qui se sont aggravées), peuvent être imputées au locataire.
-
La notion clé : l’usure normale : Le propriétaire ne peut pas retenir de somme pour l’usure normale des locaux et des équipements due au temps et à l’utilisation raisonnable. Par exemple, la décoloration d’un sol plastique due au soleil, ou des marques légères d’usage sur un plan de travail, relèvent de l’usure normale et ne sont pas imputables au locataire.
La restitution du dépôt de garantie : délais et modalités
Le processus de restitution est lui aussi strictement encadré par la loi pour éviter les abus.
-
Le délai légal : Le propriétaire dispose d’un délai maximum de 2 mois à compter de la remise des clés pour restituer tout ou partie du dépôt de garantie. Ce délai court à partir de la date convenue pour la restitution des clés, et non de la fin officielle du bail.
-
La procédure :
-
Si l’état des lieux de sortie est conforme à celui d’entrée et qu’aucun loyer ou charge n’est dû, le propriétaire doit restituer l’intégralité de la somme.
-
S’il existe des dégradations ou des impayés, le propriétaire doit fournir au locataire, dans le même délai de 2 mois, un décompte détaillé des retenues opérées, accompagné des factures et justificatifs correspondants. Il ne peut retenir que le montant exact des réparations, sans pouvoir y ajouter une marge forfaitaire.
-
Les quittances de loyer et de charges doivent être à jour pour que la restitution puisse avoir lieu.
-
Les litiges et recours possibles
En cas de désaccord ou de retard, le locataire dispose de plusieurs moyens d’action.
-
Lettre de mise en demeure : La première étape est d’envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception pour rappeler au propriétaire ses obligations.
-
Saisine de la commission départementale de conciliation : Cette instance gratuite peut être saisie pour tenter de trouver un accord amiable.
-
Action en justice : Si le propriétaire ne répond pas ou refuse de restituer la somme sans justification valable, le locataire peut saisir le tribunal judiciaire ou le juge de proximité. En cas de retard non justifié, le juge peut condamner le propriétaire à payer des dommages et intérêts en plus de la somme due, et parfois une astreinte jusqu’à la restitution effective.
un outil de garantie, pas de profit
Le dépôt de garantie est un instrument de sécurisation de la relation locative, pas une source de profit pour le propriétaire. Pour les propriétaires, le respect scrupuleux des règles (montant, sécurisation, délais de restitution et justification des retenues) est impératif pour éviter les sanctions. Pour les locataires, il est essentiel de veiller à la qualité de l’état des lieux d’entrée et de conserver tous les documents liés à la location. La clé d’une restitution sereine réside dans le dialogue, la transparence et le respect des obligations légales de part et d’autre.